Hanuabada, une cité lacustre en péril

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Chien errant dans le village sur pilotis Hanuabada, en Papouasie-Nouvelle-Guinée - Christophe MOEC
Chien errant dans le village Motu de Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

"Hanuabada, une cité lacustre en péril" en argentique couleur

Série réalisée dans le village sur pilotis Hanuabada de la tribu Motu situé au nord-ouest de Port Moresby, la capitale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Océanie.

Hanuabada signifie « grand village » en langue Motu. On dénombre en effet environ 15.000 personnes dans cette cité lacustre et ses abords. L’expression de « cité lacustre » ne doit pas faire oublier que Port Moresby est une des villes les plus dangereuses du monde où sévit un grand taux de criminalité. Et Hanuabada fait figure d’enclave dans la capitale, une sorte de zone de non-droit où la vie sociale est encore régie par des chefs de clans responsables de la communauté d’un ou plusieurs pontons. Certains pontons sont d’ailleurs équipés de grandes cloches qui servent à donner l’alerte lors d’un incident (incendie, maladie, mort…), un certain nombre de coups est donné en fonction du degré de gravité de la situation.

Dans ce pays du Commonwealth indépendant de l’Australie depuis le 16 septembre 1975, les habitants de ce village traditionnel vivent toujours dans des maisons sur pilotis et perpétuent un mode de vie ancestral né d’une association vertueuse entre l’homme et la nature : la mer comme source abondante de nourriture et de revenus pour les pêcheurs, et ce type d’habitation comme une aubaine contre la chaleur équatoriale provoquée par la réverbération du soleil sur l’eau avec une excellente climatisation naturelle.

Cependant, en raison d’un accroissement de sa population et d’une combinaison de facteurs environnementaux, le tableau est loin d’être idyllique et les conditions de vie se sont dégradées ces dernières années à Hanuabada mettant au jour des problèmes de santé publique et de survie. En cause principalement l’absence de système de collecte des déchets efficace et de dispositif d’assainissement pour les urines et les matières fécales qui sont directement rejetées dans la mer (y compris pour les animaux domestiques, les poules et les cochons en cage), mais également l’augmentation de débris et de déchets plastiques qui affluent sur le rivage et dont la présence bouleverse l’écosystème jadis vertueux. L’eau de la mer à cet endroit est de plus en plus polluée. La pollution du milieu aquatique a un impact direct sur la pêche, l’écosystème mais aussi pour la santé des autochtones.

En l’absence de sanitaires et d’accès à l’eau courante dans les habitations, le mode de vie à Hanuabada est rudimentaire. Quelques tuyaux situés sur le rivage fournissent néanmoins de l’eau potable deux fois par jour pendant quelques minutes seulement le matin et le soir. C’est pourquoi les villageois remplissent le maximum de bidons sur ces rares créneaux, ils en profitent également pour se laver, faire la lessive ou la vaisselle. Les habitants manquent également de bois de chauffage pour faire bouillir l’eau et pour cuisiner en raison de l’urbanisation et du faible taux de renouvellement de la végétation aux alentours (c’est un problème aussi pour la fabrication des pieux qui nécessitent une quantité importante de troncs d’arbre de plus en plus difficile à trouver en milieu urbain).

Dans ce contexte, on observe une augmentation des maladies : problèmes cutanés, diarrhées, fièvre typhoïde, paludisme et cholera. Ainsi, à l’image de la planète, ce village est donc confronté pour sa survie à long terme à une équation délicate entre expansion, gestion des ressources naturelles et traitement des déchets.

Légendes photo

Photo 1 : Paysage de la cité lacustre « Hanuabada » où vivent environ 15.000 membres de la tribu Motu.

Photo 2 : Famille Motu dans leur maison sur pilotis dans le village « Hanuabada », avec le drapeau du pays. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est indépendant depuis 1975.

Photo 3 : Corvée quotidienne de remplissage des bidons d’eau à l’aube avant que l’eau soit coupée. Le village Motu « Hanuabada » est en effet approvisionné seulement deux fois par jour quelques minutes seulement matin et soir.

Photo 4 : Un homme Motu fait sa lessive à la main dans le village sur pilotis « Hanuabada », au beau milieu d’un tas d’immondices.

Photo 5 : Homme de la tribu Motu allongé dans sa maison sur pilotis, ce type d’habitat permet une excellente ventilation naturelle contre la chaleur équatoriale.

Photo 6 : Enfant assis dans un carton devant une épave de camion à « Hanuabada », il s’amuse à avancer ainsi par petits sauts.

Photo 7 : Trois jeunes enfants de la tribu Motu se lavent en s’entraidant sur un ponton du village « Hanuabada ».

Photo 8 : Femme à la fenêtre de sa maison traditionnelle en tôle acier lisse dans le village Motu « Hanuabada ».

Photo 9 : Père avec son fils sur ses épaules dans la brousse à la recherche de bois mort, près du village Motu « Hanuabada » à Port Moresby. On peut voir que l’enfant souffre de problèmes de peau en raison de l’eau insalubre.

Photo 10 : Chien errant sur les rives du village sur pilotis « Hanuabada ».

Photo 11 : Enfant circulant entre les pilotis du village Motu « Hanuabada ». Les pieux s’enfoncent ici sur la mer de Corail d’une profondeur à peu près équivalente à la taille du jeune passant.

Photo 12 : Maisons sur pilotis de la tribu Motu à « Hanuabada », les autochtones savent mieux que personne comment franchir les planches de bois étroites (et souvent vétustes) en suspension.

Photo 13 : Chef de clan à la fenêtre de sa maison sur pilotis à « Hanuabada », il a la responsabilité d’un ou plusieurs pontons. Il tranche les litiges.

Photo 14 : Jeune écolière de la tribu des Motu en uniforme traditionnel à « Hanuabada ».

Photo 15 : Homme en serviette de bain en train de sécher à l’air ambiant dans le salon de sa maison sur pilotis à « Hanuabada ».

Photo 16 : Garçon en train de déguster un biscuit à la porte de sa maison à « Hanuabada ».

Photo 17 : Un père avec son fils dans la loggia de leur maison sur pilotis dans le village Motu « Hanuabada ». Les grillages sont fréquents pour protéger les petits d’une noyade.

Photo 18 : Plongeon d’un jeune Motu, « Hanuabada » est un vrai terrain de jeu pour les enfants.

Photo 19 : Jeune courant pieds nus à toute vitesse sur un ponton du village Motu « Hanuabada », une prouesse sachant qu’aucune planche n’est identique, ni posé selon le même espacement, sans compter les échardes ou les planches pourries.

Photo 20 : Jeune adossé au mur de sa maison sur pilotis entre deux citations de la Bible, dans le village Motu « Hanuabada ».

Photo 21 : Femme âgée en train de faire une sieste spartiate à même le plancher de sa maison sur pilotis, à « Hanuabada ».

Photo 22 : Enfant étendu sur le tableau de bord d’une vieille épave de voiture dans le village sur pilotis Motu « Hanuabada ».

Photo 23 : Homme torse nu du clan « Mavara » allongé sur un ponton du village Motu « Hanuabada ».

Photo 24 : Guitariste Motu jouant sur la mer de Corail dans sa maison sur pilotis à « Hanuabada ».

Photo 25 : Un père a sculpté un bateau en bois miniature Motu pour son fils, à « Hanuabada ».

Photo 26 : Un jeune de la tribu Motu se baigne avec un bateau miniature confectionné à la main dans la cité lacustre « Hanuabada ».

Photo 27 : Tortue marine retournée et attachée par une patte au ponton en train d’agoniser, dans le village Motu « Hanuabada ». La tortue lutte pour survivre, tandis qu’un homme passe avec des bidons d’eau potable pour sa propre survie quotidienne.

Photo 28 : Épave de voiture dans le village Motu « Hanuabada » près de Port Moresby. La gestion des déchets est un problème qui met en péril la communauté.

Photo 29 : Homme tatoué de la tribu Motu avec un sac « bilum » traditionnel autour du cou, dans le village « Hanuabada ».

Photo 30 : Ramasseuse de déchets à marée basse dans le village sur pilotis Motu « Hanuabada ».

Photo 31 et 32 : Joueurs de bingo de la tribu Motu dans le village « Hanuabada ». C’est surtout pendant les vacances que l’on joue au bingo, il y a un tirage par ponton et les enfants crient à la chaîne pour communiquer les numéros. Les grilles sont payantes et les gagnants peuvent empocher trois fois la somme.

Photo 33 : Jeune de la tribu Motu torse nu dans le village « Hanuabada ».

Photo 34 : Nourrisson de la tribu Motu dans son hamac, dans le village sur pilotis « Hanuabada ».

Photo 35 : Deux adolescentes vêtues de roses avec un grand sourire dans le village Motu « Hanuabada ».