Pêche de la coquille Saint-Jacques à Hokkaido

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Bateau de pêche à la drague de pétoncles en mer d'Okhotsk au Japon - Christophe MOEC
Bateau de pêche à la drague japonais de pétoncles, en mer d’Okhotsk, à l'aube.

"Pêche de la coquille Saint-Jacques à Hokkaido" en argentique noir et blanc

Série réalisée au sein d’une coopérative de pêche et d’aquaculture responsable de la coquille Saint-Jacques en mer d’Okhotsk. La pêcherie labellisée « MSC pêche durable » se situe à Ōmu, une bourgade rurale du nord d’Hokkaidō au Japon.

On dénombre 300 à 400 espèces de pétoncles dans le monde dont la coquille Saint-Jacques. Mollusque filtreur qui se développe dans les eaux froides et se nourrit essentiellement de phytoplancton, le pétoncle japonais « Mizuhopecten yessoenis » est reconnu comme l’un des meilleurs au monde, notamment pour son muscle adducteur strié plus charnu que la moyenne, sa texture ferme et son goût « Umami » prononcé (le cinquième goût découvert au japon, avec le sucré, l’acide, le salé et l’amer).

Il existe plusieurs procédés de culture des coquilles Saint-Jacques, la ferme aquacole d’Ōmu pratique la méthode en écloserie, ou nurserie en mer, dont l’objectif est d’élever le mollusque suivant différentes phases qui correspondent à des cycles biologiques : grossissement des coquilles juvéniles de 2 mm à 30 mm en filet à maille fine, à faible profondeur ; pré-grossissement avec un filet à maille moyenne dans une zone dédiée au large ; puis grossissement sans filet jusqu’à la taille adulte de 11 centimètres minimum (ce dernier cycle est d’environ trois ans).

Pour organiser la récolte, la coopérative s’appuie sur un découpage géographique ingénieux pour la bonne gestion des stocks des différentes parcelles en mer, grâce à une cartographie savante et une surveillance maritime méticuleuse. Elle possède également des engins de pêche à la drague high-tech (moteur Mitsubichi). Le coquillard racle ainsi le fond marin à l’aide de grandes griffes métalliques suivies de filets. L’usine est tout aussi à la pointe avec une organisation très rigoureuse : zone d’entreposage des coquilles d’une capacité de 24 tonnes, plusieurs lignes de production, chambre froide à moins 25°C où sont stockés les cartons destinés à l’export suivant la taille des coquilles.

Cette industrie maricole japonaise est en plein essor depuis le milieu des années 1960, mais en 2023 elle a été sérieusement ébranlée suite à l’embargo des produits de la mer par la Chine (représentant à elle seule environ 40 % des exportations maritimes). La Chine a en effet profité du rejet des eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima le 24 août 2023 pour conforter sa place de leader dans la production de pétoncles en termes de volumes… et écarter ainsi Hokkaido dont la filière a le plus grand nombre de certifications MSC au monde. L’embargo chinois a eu pour double conséquence d’augmenter les stocks d’invendus et de faire chuter les prix brutalement.

Cependant, en l’espace de quelques mois (mon reportage datant du début de l’année 2024), l’industrie des fruits de mer japonaise a fait preuve d’une résilience exceptionnelle pour se redéployer : par l’augmentation des exportations massives vers les États-Unis et l’Europe, mais aussi vers de nouveaux marchés en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Mexique, Brésil) ; et par l’ouverture de nouvelles lignes de production où la main-d’œuvre est moins chère et plus nombreuse, notamment au Vietnam d’où un volume important de coquilles Saint-Jacques est désormais transformé, reconditionné puis réexpédié.

« Le succès c’est tomber sept fois, se relever huit » dit le proverbe japonais, il semble en effet, à l’image de cette coopérative d’Ōmu qui surmonte la crise avec brio, que la filière des fruits de mer au Japon toute entière sortira renforcée dans l’avenir.

Cette série a été exposée lors de la 26e édition de l’exposition “Japan International Seafood Show” en août 2024 à Tokyo, mais également lors de la 10e édition du sommet « Tokyo Sustainable Seafood Summit (TSSS) » en octobre 2024.

Légendes photo

Photo 1 : Cartographie marine de la zone de pêche écoresponsable de coquilles Saint-Jacques de la coopérative d’Ōmu, dans le nord d’Hokkaido au Japon.

Photo 2 : Bateau de pêche à la drague de pétoncles en mer d’Okhotsk appartenant à la coopérative d’Ōmu. Le navire a été coupé en deux pour rallonger sa cale en 2023, celle-ci peut désormais contenir environ 4 tonnes de coquillages.

Photo 3 : Petit autel sacré situé à l’intérieur de la cabine du commandant du bateau de pêche de la coopérative.

Photo 4 : Capitaine dans la cabine de commandes du coquillard ultra moderne dont l’équipage est constitué généralement de 5 hommes.

Photo 5 : Cabine des marins à bord du coquillard où l’on retire ses bottes à l’entrée. La cabine exiguë permet de se réchauffer, de se restaurer et de se reposer entre les sessions de récoltes sur le pont toutes les 45 minutes environ.

Photo 6 : Les pêcheurs remontent le filet plein de coquilles Saint-Jacques à bord du bateau.

Photo 7 : Le capitaine du bateau est aux commandes de la grue qui sert à manipuler les dragues et les filets à bord, la sécurité de son équipage est entre ses mains.

Photo 8 : Cale du bateau de pêche durable pouvant stocker jusqu’à 4 tonnes de coquilles Saint-Jacques en haute-saison.

Photo 9 : Les pêcheurs opèrent un premier tri des coquilles Saint-Jacques à la main à bord du bateau.

Photo 10 : Sashimi de noix de Saint-Jacques à bord du bateau de pêche durable labellisée MSC.

Photo 11 : Le filet géant de la cale contient environ une tonne de coquilles Saint-Jacques.

Photo 12 : Acheminement des coquilles Saint-Jacques en camion pour le stockage dans l’usine située près du port d’Ōmu.

Photo 13 : Stockage à l’usine des coquilles Saint-Jacques tout juste pêchées en mer d’Okhotsk (24 tonnes de capacité de stockage).

Photo 14 : Chaîne de production de la coopérative d’Ōmu pour l’ouverture des coquilles Saint-Jacques. Les employés sur les chaînes de production dans cette coopérative sont thaïlandais.

Photo 15 : Chaîne de nettoyage et de triage des pétoncles dans l’usine écoresponsable MSC d’Ōmu.

Photo 16 : Chaîne de production où sont triés les noix de Saint-Jacques à la main dans l’usine de pêche durable d’Ōmu.

Photo 17 : Triage des noix de coquilles Saint-Jacques dans l’usine de pêche durable d’Ōmu.

Photo 18 : Vue panoramique sur le port maritime de la ville d’Ōmu dans la sous-préfecture d’Okhotsk à Hokkaido, au nord du Japon.